Continental supprime 1120 emplois sous couvert de la crise
Un article de nouvelobs.com :
Un millier de personnes ont manifesté à Reims, devant l'hôtel où se déroulait un comité d'entreprise de Continental. L'équipementier allemand compte fermer son usine de pneumatiques de Clairoix (Oise), qui emploie 1.120 salariés.
Près d'un millier de salariés ont manifesté lundi matin 16 mars à Reims (Marne), devant l'hôtel où se réunissait le comité central d'entreprise (CCE) de l'entreprise Continental. Les salariés de l'équipementier automobile allemand protestaient contre la fermeture de l'usine de Clairoix (Oise), promise à la fermeture en mars 2010.
Ulcérés par la décision de la direction allemande du fabricant de pneumatiques, qui invoque une chute de la demande, les salariés et leurs syndicats réclament un maximum de compensations sociales.
Aucune décision ne devrait toutefois être annoncée à l'issue de ce CCE qui, prévu de longue date, ne porte pas sur le projet de fermeture. "La prochaine réunion sur le projet de fermeture et le plan d'accompagnement social est fixée au 31 mars et c'est à partir de cette étape que des précisions pourront commencer à être données", a fait savoir Philippe Bleurvacq, président du CCE de Continental France.
Cette fermeture sera inéluctable, a par ailleurs redit l'entreprise. Dans un entretien paru lundi dans le journal allemand Handelsblatt, le directeur du personnel du groupe, Heinz-Gerhard Wente, assure: "On ne veut et on ne peut pas revenir sur la réduction de la surproduction".
Face à la polémique sur la brutalité de la décision et la colère des 1.120 salariés de l'usine picarde qui avaient accepté en 2007 de passer de 35 à 40 heures de travail par semaine, Heinz-Gerhard Wente observe: "La suppression des usines ne constitue pas une infraction des lois, des accords ou des conventions collectives". En 2007, "il n'y a pas eu de garanties" données et "personne n'avait compté sur la chute brutale de la demande".
Face à "l'effondrement" du marché automobile en Europe qui a fait baisser la demande de pneumatiques, Continental dit avoir produit 110 millions de pneus en 2008 au lieu des 120 prévus et prévoit de n'en fabriquer que 100 millions en 2009. Selon le groupe, la surcapacité dépasse les 15 millions de pneus. Or, le site de Clairoix, qui en fabrique 7,5 à 8 millions par an, est l'usine d'Europe où les coûts de production sont les plus élevés, juste devant Sarreguemines, le second site Continental en France.
Après un rassemblement tôt lundi devant l'usine, près d'une vingtaine d'autocars transportant les ouvriers ont pris la route de Reims pour y exprimer leur colère. Les manifestants ont notamment pendu à un arbre un mannequin à l'effigie du directeur de l'usine, avant de le brûler. Ils brandissaient plusieurs banderoles dont l'une proclamait: "Nous ne sommes pas des Kleenex".
"Le slogan 'travailler plus pour gagner plus' de Nicolas Sarkozy, auquel beaucoup d'entre nous ont cru, part maintenant en fumée, comme les pneus que nous brûlons devant l'usine" (de Clairoix), a lancé un syndicaliste.
"On va les faire cracher!", a lancé le délégué CGT Xavier Matthieu, avant de s'en prendre à la classe politique. "On entend les politiques qui disent qu'ils veulent nous aider. Qu'ils commencent par faire les lois qu'il faut! On entend des députés par ci et sénateurs par là dire que les patrons de Continental sont des voyous. C'est eux qui les ont laissés, c'est eux qui font les lois, qui les ont laissés. Si ces gens-là peuvent se comporter comme des voyous, c'est parce que les députés et les sénateurs n'ont pas fait les lois pour les en empêcher".
Bernard Hellal, le maire PS de Margny-lès-Compiègne (Oise), voisin de l'usine, s'est dit "choqué quand on sait qu'elle est rentable cette entreprise". Pour lui, "les ouvriers ont fait un effort considérable et qu'on leur annonce aujourd'hui qu'on ferme leur entreprise, c'est dur".
Le vice-président de Continental Bernhard Trilken a indiqué la semaine dernière que la direction de l'entreprise comptait proposer le double des indemnités légales de licenciement, soit 0,6 mois de salaire par année travaillée au lieu de 0,3. (avec AP)