La France en baisse dans le classement mondial de RSF

Publié le par Darklord

La France fut la première démocratie au monde. C'est une place historique que l'on ne peut lui disputer. Mais, au gré de l'Histoire et de ceux qui la font, elle a bien du mal à rester l'exemple international qu'elle a autrefois été.

L'association Repoters Sans Frontières (RSF) publie comme chaque année son classement mondial de la liberté de la presse. En 2009, la France se retrouve à la 43e place, soit huit de moins qu'en 2008. Du classement de 2007 à celui de 2008, elle en avait déjà perdu 4 après en avoir gagné 6 de 2006 à 2007 que RSF expliquait ainsi :

 

« Les journalistes ont été épargnés des violences qui les avaient touchées fin 2005 lors d’un conflit syndical, en Corse, et pendant les manifestations dans les banlieues. Cependant, de nombreuses inquiétudes demeurent en raison de cas de censure persistants, de perquisitions dans des rédactions et d’un manque de garanties concernant la protection du secret des sources. » (rsf.org)

 

De toute l'Europe, notre pays dépasse à peine l'Espagne (44e) puis vient l'Italie (49e), la Roumanie (50e) et la Bulgarie (68e). Les autres sont tous devant. Mais RSF précise que l'Europe baisse globalement.

 

« L’Europe a longtemps été exemplaire en matière de respect de liberté de la presse, mais cette année, plusieurs pays européens reculent très nettement. Même si les treize premières places restent occupées par des Etats européens, d’autres tels que la France (43e), la Slovaquie (44e) ou l’Italie (49e), continuent leur descente, perdant respectivement huit, trente-sept et cinq places. Ils se font distancer par de jeunes démocraties africaines (Mali, Afrique du Sud, Ghana) ou latino-américaines (Uruguay, Trinidad et Tobago). Des journalistes sont encore menacés physiquement, en Italie, en Espagne (44e), mais aussi dans les Balkans, notamment en Croatie (78e) où le 23 octobre 2008 le propriétaire et le directeur marketing de l’hebdomadaire Nacional ont été tués dans un attentat à la bombe. Mais la principale menace, plus grave à long terme, vient des nouvelles législations en vigueur. De nombreuses lois promulguées depuis septembre 2008 viennent remettre en cause le travail des journalistes. En Slovaquie (44e), elle a permis d’introduire la notion dangereuse de droit de réponse automatique et accroît fortement l’influence du ministre de la Culture dans les publications. » (rsf.org)

 

La France, elle, est en chute libre depuis plusieurs années, en dehors de deux remontées en 2004 et 2007 :

 

2002 : 11e

2003 : 26e

2004 : 19e

2005 : 30e

2006 : 35e

2007 : 31e

2008 : 35e

2009 : 43e

 

2005 fut donc une année noire pour la France (-11 places, le record) selon RSF, mais la tendance générale vers la baisse est indiscutable.

L'association explique la tendance européenne par de nouvelles législations restrictives. Depuis peu, elle prend aussi en compte la liberté d'expression des blogueurs et cyberdissidents. Bien sûr, elle épingle les pays comme la Chine ou l'Iran.

 

« Si, en 2009, la Chine est restée le principal censeur d’Internet, l’Iran, la Tunisie, la Thaïlande, l’Arabie saoudite, le Viêt-nam et l’Ouzbékistan ont également eu recours aux blocages récurrents de sites et de blogs, et à la surveillance de l’expression en ligne. L’Internet turkmène demeure en outre sous contrôle total de l’État. » (rsf.org)

 

Mais il serait faux de croire que ce sont là les seuls exemples inquiétants. L'Europe et de nombreux pays occidentaux se sont lancés dans la chasse à la liberté d'expression sur le net.

 

« Les pays démocratiques ne sont pas en reste : alors que plusieurs États européens planchent sur de nouvelles mesures de contrôle de la Toile au nom de la lutte contre la pédopornographie ou le téléchargement illégal, l’Australie a annoncé son intention de mettre en place un système obligatoire de filtrage, dangereux pour la liberté d’expression. La justice turque a encore augmenté le nombre de sites Internet, notamment YouTube, censurés pour des critiques à l’encontre de la personnalité du premier président de la République, Mustafa Kemal Atatürk. » (rsf.org)

 

Les récentes déclarations de nombreux politiciens français sur les « dangers » d'internet vont bien en ce sens et dépasse de loin le simple combat contre le téléchargement illégal. Dans ces conditions, il semble donc peu probable que notre pays ne remonte prochainement dans le classement.

Pour finir, précisons que RSF avait déjà mis en parallèle la question de la liberté de la presse et des pays en guerre. Outre le fait que les communications officielles sont, en ce cas, rarement le reflet de la réalité et que la répression est plus particulièrement active pour les journalistes qui tente de la mettre à jour, le terrain est évidemment bien plus dangereux pour la presse de manière générale. Les USA et Israël, par exemple, ont donc eu de très mauvais résultats ces dernières années. Les Etats unis sont remontés en 2009 grâce au changement de présidence.

 

« « La liberté de la presse doit être défendue partout dans le monde, avec la même force et la même exigence », a déclaré Jean-François Julliard, à l’occasion de la publication du huitième classement mondial de la liberté de la presse par Reporters sans frontières, le 20 octobre 2009.

« Il est inquiétant de constater que des démocraties européennes comme la France, l’Italie ou la Slovaquie continuent, année après année, de perdre des places dans le classement. L’Europe doit faire preuve d’exemplarité dans le domaine des libertés publiques. Comment dénoncer les violations commises dans le monde si l’on n’est pas irréprochable sur son territoire ? L’effet Obama, qui a permis aux Etats-Unis de regagner 16 places, ne suffit pas à nous rassurer ». » (rsf.org)

 

Difficile, effectivement, d'essayer de faire progresser la liberté d'expression, de la presse ou en générale, lorsque ceux qui ont longtemps représenté des modèles dans le genre ne sont plus à la hauteur de leur réputation. Clarence Darrow disait que l'on ne peut protéger notre liberté qu'en protégeant celle des autres et il ajoutait : « vous ne pouvez être libre, que si je suis libre ». Nous pouvons toujours pensé que nous vivons en démocratie, même si nous n'avons jamais vraiment atteint l'idéal démocratique depuis qu'il a été définit, et donc que nous sommes libres en toute logique. C'est évidemment faux. Il ne suffit pas de « décréter » que nous sommes libres pour l'être, alors que les faits nous montre le contraire.

C'est le combat quotidien pour gagner et pour préserver nos libertés qui nous assure que nous vivons dans une société libre. Le seul fait que ce soit écrit sur papier n'est pas une garantie.

La liberté de la presse est une partie de ce combat et c'est au citoyen que revient la charge de s'assurer qu'elle existe bel et bien.

Publié dans Presse - informations

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