Le Conseil d'état annule la radiation de J-H Matelly de la gendarmerie

Publié le par Darklord

 

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Jean-Hugues Matelly, 44 ans, avait coécrit une tribune dans le cadre de son activité de chercheur associé au CNRS. Crédits photo : MIGUEL MEDINA/AFP (lefigaro.fr)

 

Le gendarme et chercheur Jean-Hugues Matelly s'est fait connaître par sa radiation de la gendarmerie parce qu'il avait critiqué le rapprochement de la police et de la gendarmerie voulue par Nicolas Sarkozy. Nous apprenons aujourd'hui que le conseil d'état a décidé d'annuler cette peine considérant qu'elle était « manifestement excessive ».

 

« «M. Matelly a effectivement manqué à ses obligations en faisant état publiquement, dans les médias, de son opposition à la politique d'organisation des deux grands services français dédiés à la sécurité publique». Mais cette critique a été «formulée en termes mesurés et sans caractère polémique», estiment les Sages, qui font valoir en outre «l'excellente manière de servir de l'intéressé». » (lefigaro.fr)

 

Un soulagement pour le gendarme de 44 ans qui n'est toutefois pas au bout de ses peines. Dans un premier temps, la gendarmerie n'a pas l'air de vouloir le lâcher.

 

« Mais à la suite de la décision du Conseil d'Etat, la direction de la gendarmerie a annoncé qu'une nouvelle procédure disciplinaire serait engagée contre lui. » (lefigaro.fr)

 

Il est assez curieux que la direction de la gendarmerie reprenne le flambeaux pour sanctionner Jean-Hugues Matelly. On s'en souvient, la radiation avait d'abord était prononcée par l'Elysée. Maintenant que le conseil d'état a tranché, pourquoi la direction de la gendarmerie revient-elle à la charge ?

Surtout que le Conseil d'état avait déjà tranché une première fois en faveur du gendarme.

 

« le chef d'escadron en Picardie avait ainsi été radié le 12 mars 2010. Un mois plus tard, il obtenait toutefois une première victoire : le juge des référés du Conseil d'Etat avait suspendu en partie l'exécution de ce décret présidentiel, permettant à l'officier de conserver sa solde et son logement de fonction. » (lefigaro.fr)

 

N'assisterions-nous pas à de l'acharnement dans le but de faire taire le chercheur ?

Car, dans un second temps, il reste un point que la décision du Conseil d'état ne soulève pas, c'est la liberté d'expression de Jean-Hugues Matelly, chercheur au CNRS. Si l'on regarde le commentaire de la décision citée plus haut, on s'aperçoit que le Conseil d'état accorde le fait que le gendarme «  a effectivement manqué à ses obligations en faisant état publiquement, dans les médias, de son opposition à la politique d'organisation des deux grands services français dédiés à la sécurité publique ».

Or il s'agit d'une obligation, somme toute contestable, relevant de sa fonction de gendarme. Mais Jean-Hugues Matelly est également chercheur au CNRS et c'est dans ce cadre là qu'il avait coécrit une tribune sur le site Rue89 critiquant le rapprochement de la police et de la gendarmerie. Qu'en est-il de sa liberté d'expression dans le cadre de son autre fonction ? Peut-on vraiment attendre d'un chercheur qu'il ne dise pas ce qu'il pense pour ne pas effaroucher la hiérarchie ? Cette position là n'est malheureusement pas prise en compte par le Conseil d'état et il semblerait que le gendarme ne continuera pas dans cette voie.

 

« Le gendarme a fait part de son «soulagement à titre personnel», louant une «décision importante pour la liberté d'expression des militaires». Il assure également vouloir «geler» ses travaux de recherches, laissant ainsi entendre qu'il va rentrer dans le rang. » (lefigaro.fr)

 

Importante ? Peut être pas à ce point. C'est une décision en demi-teinte qui ne permet toujours pas aux militaires de s'exprimer pleinement et qui ne leur reconnaît pas d'autres statuts, le cas échéant. La grande muette va encore garder son nom un certain temps.

Publié dans Citoyenneté

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