Sarkozy, retour à l'extrême droite

Publié le par Darklord

La France, pays des Droits de l'Homme et du Citoyen, se retrouve dans une période bien sombre. Du reste, je le dis déjà depuis un moment, le régime sarkozyste s'avance prudemment mais surement vers une politique rappelant les totalitarismes que l'on veut croire enterrés depuis 60 ans.

Oui, je sais. Dans ce pays on apprécie pas que quelqu'un ose prétendre que le gouvernement, quel qu'il soit d'ailleurs, prenne le chemin inverse de la Démocratie. On aura bon ton de me rappeler rapidement que si je peux écrire ces lignes, c'est que je suis libre de le faire. On ne saurait donc parler de totalitarisme sans être un fieffé menteur.

C'est pourquoi je n'ai pas dit que nous connaissions une période totalitariste, mais que nous nous y acheminions à plus ou moins grands pas. Et que l'issue est fatale si nous persistons dans cette direction.

Certains évoqueront peut être le point Godwin qui veut que plus une discussion en ligne dure longtemps, plus les chances d'évoquer le nazisme ou Hitler approche de 1, et qui, selon les chantres de ce principe, est la limite qui, une fois dépassée, rend la dite discussion impossible. C'est un point de non retour où les propos se radicalisent et il ne sert donc plus à rien de continuer. Peut-être certains iront jusqu'à railler que j'ai dépassé ce point dès le début de mon article.

Oui mais ceux qui utilisent le point Godwin à tort et à travers pour mettre fin à une discussion, généralement gênante, n'hésite pas non plus à nier carrément les raisons qui peuvent pousser les gens à faire ce genre de comparaisons. Loin de moi l'idée de dire que tous ceux qui font référence au nazisme dans leurs commentaires ont de bonnes raisons de le faire. Mais peut-être que ce flot de gens emportés cachent ceux qui ont des remarques pertinentes à faire sur le sujet. Le fait indubitable que beaucoup utilisent ce genre de références sans autre volonté que la provocation basique ne doit pas non plus empêcher ceux qui ont un vrai raisonnement comparatif de s'exprimer.

Car si l'on ne peut plus faire référence à un quelconque totalitarisme sans être taxé d'exagérateur, comment pourra-t-on reconnaître le « vrai » totalitarisme » lorsqu'il se présentera ? La comparaison raisonnée entre une démocratie et une autocratie doit avoir lieu pour éviter le pire.

 

Revenons-en à la situation actuelle. Les relents totalitaristes se font sentir en France depuis un certain temps. Aujourd'hui, plusieurs polémiques explosent coup sur coup sur la délicate question de l'insécurité auxquelles le gouvernement entend donner des réponses musclées.

On a d'abord eut droit aux Roms et gens du voyage qui se retrouveront prochainement, si l'idée suit son cours, affublés de lois spécifiques à leur encontre. Vient ensuite la stigmatisation des immigrés à travers les violences armées à Grenoble, rapprochement d'autant plus dangereux que rien ne le justifie.

Les récentes déclarations de Nicolas Sarkozy ne trompent personne. Il s'agit clairement d'une position électoraliste qui ne sera probablement guère suivit de faits, comme à l'accoutumée, mais qui aura permis néanmoins que s'installe un peu plus profondément le climat de peur et de suspicion à l'égard des boucs émissaires désignés par le gouvernement : Les étrangers. Cette position « décomplexée » est clairement défendue par la faction la plus (extrêmement) à droite de l'UMP.

 

« Ces annonces musclées sont applaudies des deux mains par l'UMP Philippe Meunier. Ce député du Rhône souligne que le président de la République a repris à son compte les propositions d'un collectif de parlementaires UMP, baptisé la "droite populaire".

"L'essentiel des propositions énoncées dans un communiqué de presse rédigé suite aux violences à l'encontre des forces de l'ordre à Grenoble et à Saint Aignan, co-signé par 24 députés membres du collectif de la droite populaire, ont été retenues", se réjouit Philippe Meunier.

Les élus de la "droite populaire" ont rendu public, le 14 juillet dernier, une charte dans laquelle ils revendiquent des valeurs très ancrées à droite: travail, famille, patriotisme, nation, sécurité, liberté d'entreprendre… Il s'agit, selon le député Lionnel Luca(Alpes-Maritimes), qui est l'un des initiateurs de ce rassemblement, de "revenir aux fondamentaux" du sarkozyme : "l'UMP a laissé un boulevard sur sa droite", estime-t-il, interrogé par Le Figaro. L'objectif pleinement assumé est de récupérer l'électorat du Front national. "Le collectif fera tout pour empêcher le parti frontiste de reprendre des voix", précise Lionnel Luca. » (lenouvelobs.com)

 

Dans cet extrait, je me suis permis de souligné un passage à méditer.

Sarkozy reviendrait donc à ses propres fondements, clairement désigné par la Droite Populiste... pardon, Populaire : L'extrême droite. Cela aussi je l'avais dis depuis longtemps, souvenez-vous. En 2007, toute la droite exultait car la victoire de Sarkozy avait sonné la soit-disant mort du FN. Des voix s'étaient déjà élevées à l'époque pour dire que le FN était certes sonné par ses résultats électoraux, mais qu'il allait encore vivre longtemps à travers l'UMP qui permis à ses idées de survivre et même de gagner encore plus d'esprits qui se disaient pourtant foncièrement contre l'extrême droite. Mais les mêmes idées nauséabondes présentées par un parti « démocrate », ça rendait mieux. On pouvait conserver des apparences respectables.

Les récentes sorties de Sarkozy et Hortefeux sur l'insécurité sonnent très clairement le retour à la drague échevelée de l'électorat frontiste. Les récents scores du FN aux régionales, qui ont signé son grand « retour », ont montré que le gouvernement ne faisait plus illusion sur sa capacité à gérer l'insécurité, notamment par le fait que Sarkozy en a fait son thème principal depuis 8 ans et que la situation ne cesse d'empirer. Mais les déclarations fracassantes sur le thème n'était plus aussi importantes qu'auparavant, le gouvernement ayant essayé d'élargir son propos à la question de la nationalité, thème qu'il pensait peut-être plus éclectique et qu'il a finalement dut abandonné suite aux diverses polémiques sur l'immigration que cela a engendré. L'électorat d'extrême droite se fera-t-il de nouveau avoir maintenant que les charges anti-immigration reviennent de plus bel sur le devant de la scène ? L'avenir nous le dira.

 

La charge sécuritaire de ces derniers jours est un signe inquiétant d'une radicalisation propre à instaurer un climat malsain à travers le pays, climat qui ne fera que précipiter la chute vers un début de totalitarisme. La division de la France par la stigmatisation de boucs émissaire en est un autre.

Le cas des Roms pourrait devenir un cas d'école. Certes, une certaine partie des Roms et des gens du voyage adoptent un comportement qui n'est pas des plus ouvert, s'installant dans des lieux qu'ils revendiquent comme étant ensuite uniquement à eux. J'ai personnellement connu le cas dans un parc municipal, près de chez moi où, lors de l'installation des caravanes, on nous a clairement dit « maintenant, ici, c'est chez nous », et de nous faire sentir qu'il valait mieux que l'on parte.

Cette attitude qui, rappelons-le, n'est pas celle de tous les Roms et gens du voyage (de cela aussi je suis témoin), est de toute évidence un problème qui doit être réglé. Pour autant, l'ajout de lois spécifiques dans une législation déjà étouffante est-il nécessaire, voir simplement utile ? Clairement non. Tous les actes répréhensibles auxquels pourraient s'adonner des personnes s'installant illégalement sur un terrain tombent déjà sous le coup de lois existantes. Le problème n'est donc pas la Loi, mais son application.

La réponse du gouvernement à ce problème sera donc totalement inefficace. À quoi bon rajouter des lois quand celles que l'on a déjà n'ont pas les moyens d'être appliquées ? Du coup, la « solution » du gouvernement est moins de régler le problème que de faire un nouvel appel du pied à l'électorat FN. Surtout que Sarkozy ne s'est pas gêné pour à nouveau parler d'expulsion, renvoyant à la thématique de l'immigration. Au niveau du gouvernement et de ses défenseurs, on se refuse à parler de stigmatisation. Et pourtant, comment peut-on appeler autrement le fait d'appliquer des lois à une catégorie de personnes en particulier sans véritable besoins les justifiant ? Ces lois sont clairement une stigmatisation car elles amènent à penser qu'il faut traiter les Roms et les gens du voyage de manière différente des autres personnes alors que la législation générale est largement suffisante, pour peu qu'on y mette les moyens.

Le fait que trop peu de terrains pouvant accueillir décemment les Roms et les gens du voyage existent actuellement n'est que peu pris en compte. Hortefeux a bien annoncé que d'autres seraient créés. Mais rien n'est dit sur le fait que certaines villes rechignent à construire ces aménagements, comme pour les logements sociaux, et sur ce qui pourrait être mis en place pour les y contraindre.

Les dernières déclarations de Sarkozy sur les violences à Grenoble sont encore plus étonnantes puisqu'à la surprise générale, il opère un rapprochement entre ces violences et l'immigration, plus particulièrement de l'échec de l'intégration. Bien sûr, Sarkozy ne précise pas qu'il n'a rien fait, en huit ans, pour que l'intégration s'améliore. On peut même dire qu'il a complètement était à contre courant en tant que ministre de l'intérieur et en tant que président, stigmatisant les étrangers pour ses ambitions personnelles. À partir de là, on voit mal comment un étranger (ou quelqu'un considérer comme tel) pouvait s'intégrer dans la société.

Bien sur, rien dans les faits ne vient conforter la position du président. Aucun chiffre ne vient nous dire combien de jeunes s'en étant pris aux forces de l'ordre étaient des « immigrés » et d'autres des « français ». Le véritable fait est qu'ils étaient probablement tous « français », mais certains ayant la peau plus bronzés que d'autres, plusieurs personnes, dont certaines en haut-lieu, leur refuse cette appellation.

Bref, considérer que ces violences seraient le fait de l'immigration ne se base sur rien de valide, seulement des aprioris sur les apparences qui font appel sans équivoque à un racisme basique. Les sociologues de l'école de Chicago ont depuis longtemps montré que les violences en bande ne devaient rien à des considérations « ethniques » mais plutôt à un critère géographique. En gros, une bande de délinquants (ou non, d'ailleurs) se constituent selon les gens présents dans leur quartier en dépit de leurs « origines » et plusieurs ethnies font souvent parties d'une même bande, même des gens dits « de souche » dans leur pays. À partir de là, la stigmatisation de l'immigration dans le but de se trouver un bouc émissaire et faire oublier l'incapacité à enrayer la violence est évidente.

Que propose Sarkozy pour résoudre le problème ? Encore une fois, il pioche allègrement et sans complexe dans le programme du FN.

 

« Avec cette proposition de retrait de nationalité en cas d'agression sur un policier, le chef de l'Etat ne fait que reprendre une idée évoquée dans le programme de 2007 du Front national, dans une acceptation plus large. Celui-ci (disponible en PDF) propose : "Toute personne naturalisée pourra être déchue de la nationalité française si elle commet des crimes tels que, notamment, un assassinat, un acte terroriste, une prise d’otages, un rapt d'enfant, un viol, le trafic de drogue." » (lemonde.fr)

 

« Là encore, les rédacteurs du discours du chef de l'Etat n'ont pas eu à chercher très loin leur argumentaire. Dans National hebdo de février-mars 1999, un article résumant les propositions du FN en matière de délinquance évoquait le "refusde l'octroi automatique de la nationalité française pour les enfants nés sur le sol français de parents étrangers et condamnés pour crime ou délit par les juridictions pour mineurs. " » (lemonde.fr)

 

J'en passe, et des meilleurs, notamment le couplé sur les immigrés qui touchent plus d'allocations que les smicards, une contre-vérité usagées qui rappelle les pires positions de l'extrême droite. Vous pouvez cliquer ici pour lire l'article complet est très intéressant du monde.fr sur les propositions de Sarkozy.

 

L'insécurité est un thème porteur depuis longtemps pour la droite qui a toujours mis la gauche en difficultés. Rien d'étonnant donc à le voir ressurgir continuellement, même alors que celui qui était en charge de la combattre depuis huit ans n'est autre que Nicolas Sarkozy qui fulmine aujourd'hui devant la violence qu'il n'a pas su ou pas voulu enrayer. Après tout, l'insécurité est un thème vraiment très porteur.

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